• de Jean Pierre Pastori
    sous la direction d'Éric Vigié
  • à l'occasion des
    140 ans de l'opéra

Opéra de Lausanne, une aventure théâtrale

Sous la direction d'Éric Vigié

On avait hésité entre la place SaintFrançois, la promenade de Montbenon, le manège de SaintPierre... Ce fut finalement au Pré-Georgette que le Casino-Théâtre fut édifié. Ce site entouré de vignes et de vergers parut fort décentré à certains...

On s’y précipita cependant pour suivre, dès mai 1871, saisons lyriques et saisons de comédie. Confiée aux directeurs successifs qui en assumaient le risque commercial, l’exploitation du Théâtre ne devint municipale qu’en 1931, date clé puisqu’elle marque aussi l’entrée en fonction, pleine et entière, de Jacques Béranger. Les saisons précédentes, ce jeune Lausannois avait fait l’apprentissage de la direction auprès de deux professionnels aguerris: Jane Raymond et Ernest Fournier. Béranger tiendra la barre jusqu’en 1959. À ce long règne sont associés la cantatrice Lucy Berthrand – à la ville, Mme Béranger — et le metteur en scène Jean Mauclair. Elle est de bon conseil lorsqu’il s’agit d’engager des chanteurs. Il assure la quasi-totalité des mises en scène.

Les années Béranger sont l’âge d’or de la Revue, mélange humoristique de sketches parlés, de chansons douces-amères et de ballets séducteurs. L’émergence de forces vives signe la mort du théâtre d’importation – les grands succès parisiens –, une formule qui s’est imposée sitôt la troupe résidente dissoute pour des motifs financiers (1947). À l’aube des années 60, le Théâtre est doté d’une direction bicéphale: Charles Apothéloz pour le volet dramatique; Manuel Roth pour le lyrique. Mais à mesure que s’étoffe la vie culturelle lausannoise s’impose la nécessité de clarifier les structures. À Vidy, les productions théâtrales. À Georgette et au nouveau Théâtre de Beaulieu, la musique, l’opéra et la danse. Manuel Roth lance coup sur coup le Festival d’opéra italien (1955-1972) et le Festival international de Lausanne (1956-1984). Appelée en 1983 à prendre la succession du flamboyant Manuel Roth, Renée Auphan met en place une saison lyrique et chorégraphique. C’est dire que du «Municipal», elle réussit, sans grands moyens, à faire une maison d’opéra. Cette politique de production (et non plus d’accueil), Dominique Meyer (1995-1999), François-Xavier Hauville (1999-2005) et Éric Vigié (dès 2004) la poursuivent, chacun apportant son goût et son expérience. Talents prometteurs comme artistes confirmés se partagent dès lors l’affiche de ce que d’aucuns nomment «le plus petit des grands opéras»: la jeune Natalie Dessay, Cheryl Studer, Roberto Alagna, Laurent Naouri, mais aussi Anne-Sophie von Otter, Régine Crespin ou José Van Dam...

Du premier coup de pioche (printemps 1869) à l’inauguration de l’Opéra rénové et agrandi (automne 2012), que de chemin parcouru! Par le texte et par l’image, cet ouvrage évoque près d’un siècle et demi d’aventure théâtrale. Il illustre aussi la mue d’une maison qui, après deux ans de travaux et cinq saisons hors les murs, est enfin à même d’offrir aux chanteurs, choristes, danseurs, chefs, scénographes et metteurs en scène des conditions de travail dignes de son ambition. Et aux spectateurs la qualité d’accueil qui va de pair!

Jean Pierre Pastori

Derniers ajouts

Mots-clés

Nous contacter